🏠 Accueil / Semaine 3 : Quel jour d'après voulons-nous ?
Aujourd'hui, nous vous proposons d'explorer le thème suivant :
Expertise scientifique, décisions politiques, incertitude... quelle démocratie pour gérer une crise systémique ?
Faut-il maintenir le premier tour des élections municipales alors que l'on ferme les lieux publics ? Le port du masque est-il utile ou inutile ? Quelle stratégie de déconfinement devons-nous adopter ? Mis en place par le gouvernement, le conseil scientifique joue un rôle central dans la gestion de la crise sanitaire. Face au coronavirus comme aux autres questions complexes de notre époque, les citoyens et leurs représentants élus doivent-ils s'en remettre exclusivement aux experts pour prendre des décisions ?
Les débats scientifiques qui font l’actualité de cette crise sanitaire, comme celui sur la chloroquine, viennent nous rappeler que les faits scientifiques sont le résultat de délibérations entre scientifiques, que les savoirs sont par nature incomplets et évolutifs. On ne peut donc pas faire reposer sur les seuls scientifiques la responsabilité de nos choix collectifs.
Par ailleurs, cette pandémie rend évidente le caractère complexe et incertain de notre monde. Les sujets sont entremêlés et interdépendants, rendant l'évolution du système difficilement prévisible car les facteurs et boucles de rétroactions sont nombreux. Pour gouverner dans l'imprévisible, il devient ainsi nécessaire de multiplier les points de vue et d'organiser l'articulation d'une variété d'expertises, scientifiques ou non – une expertise d'usage pouvant notamment être apportée par des citoyens.
Enfin, l'urgence et l'évidence du risque sanitaire ont fait du confinement un sujet peu controversé, car jugé nécessaire pour honorer une valeur collective : sauver un maximum de vies "quel qu'en soit le prix". Des enjeux culturels et des combats de valeurs sont par contraste beaucoup plus structurants dans les débats ****autour de la transition écologique (par exemple sur les pesticides, le nucléaire ou le numérique), mais ils sont occultés par des discussions portant majoritairement sur les aspects techniques ou scientifiques.
La démocratie permet de gérer la complexité et l'incertain car elle croise les savoirs de différents domaines. En cela, elle est la meilleure option pour nous permettre de traverser avec humanité notre siècle qui s'annonce bien tourmenté. Pour sauver ce à quoi nous tenons le plus, nous ne ferons cependant pas l'économie d'un discernement collectif, au-delà des savoirs scientifiques**.**
Pour approfondir cette question :
<aside> 📖 Nous vous invitons à explorer les contenus partagés avec votre journal de bord près de vous, pour prendre des notes (sur ce qui résonne, vous interpelle, vous touche…) et faire des pauses pour assimiler ce que vous aurez lu. À la fin des vos explorations, n'hésitez pas à partager vos réflexions et questions sur le groupe Facebook !
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"[...] la tâche primordiale d'un professeur capable est d'apprendre à ses élèves à reconnaître qu'il y a des faits inconfortables, j'entends par là des faits qui sont désagréables à l'opinion personnelle d'un individu." — Max Weber, Le savant et le politique